Créer des chambres d’hôtes : statut, normes, rentabilité
Comment créer des chambres d’hôtes ? Quelle rentabilité peut-on attendre d’une maison d’hôte ? Quel taux de remplissage ? Quelle est la différence entre une chambre d’hôte et un gîte touristique ou un gîte rural ?
Créer des chambres d’hôtes implique d’aimer recevoir et de bien connaître sa région. Cela oblige aussi à des horaires particuliers pour accueillir et servir les clients.
- Accueillir en chambre d’hôtes consiste à proposer un hébergement meublé avec petit déjeuner et fourniture du linge de maison : cela doit être chez le propriétaire (maison principale), ou dans une annexe située sur son terrain.
- Au contraire, louer un gîte consiste à mettre à disposition une maison, un appartement ou un studio, meublés, à l’usage exclusif du locataire de passage qui y effectue un séjour d’une durée d’un jour à un mois, et qui n’y élit pas domicile. Le petit déjeuner n’est pas servi. Le linge de maison est fourni ou non.
Créer des chambres d’hôtes est une activité de nature commerciale, déclarée auprès de la Chambre de commerce et d’industrie (ou auprès de la chambre d’agriculture si le propriétaire est agriculteur).
Voir aussi notre article : Créer un gîte ou des chambres d’hôtes ? Faites le bon choix
Les normes et réglementations des chambres d’hôtes.
Les obligations sont plus souples mais le cadre plus restrictif que celui qui pèse sur les hôtels :
- 5 chambres peuvent être exploitées au maximum (ou 15 personnes accueillies),
- Le petit déjeuner doit être proposé (gratuit ou payant) et le linge doit être fourni,
- Les prix TTC doivent être affichés à l’extérieur et à l’intérieur de l’établissement, ainsi que dans les chambres, en précisant les services inclus ou non notamment le petit déjeuner,
- Il est obligatoire de faire remplir une fiche de police aux clients étrangers,
- Une déclaration en mairie doit être effectuée (simple formulaire à remplir),
- Une formation permis d’exploitation doit être effectuée par le gérant de l’établissement si l’activité table d’hôtes est envisagée avec alcool servi à table,
- La table d’hôte est autorisée uniquement si elle constitue un complément d’activité, si un seul menu est proposé, si elle est réservée aux seules personnes hébergées, et si le repas est servi à la table familiale. Si toutes ces conditions sont réunies, l’établissement est dispensé de la formation hygiène alimentaire,
- Le respect des normes handicapés n’est pas obligatoire car les maisons d’hôtes n’appartiennent pas à la catégorie des « établissements recevant du public »,
- Il est obligatoire d’installer un détecteur de fumée.
A noter : il est possible d’ouvrir des chambres d’hôtes en tant que propriétaire, ou en tant que locataire (sous conditions : voir notre article Créer des chambres d’hôtes en étant locataire).
Créer des chambres d’hôtes : quel statut juridique ?
S’il s’agit d’une activité complémentaire, si les revenus sont inférieurs à environ 5000 €, exploiter des chambres d’hôtes peut se faire sous le statut de simple particulier, sans créer à proprement parler d’entreprise (les revenus seront alors déclarés sur la feuille d’impôt sur le revenu). Par contre, si l’activité est exercée à temps plein, et si les revenus annuels dépassent les 5 000 €, il sera nécessaire de créer une entreprise.
Enfin, en-dessous de 760 € de chiffre d’affaires par an, il n’est pas obligatoire de déclarer les revenus de l’activité.
Tous les statuts juridiques classiques sont possibles pour ouvrir des chambres d’hôtes :
- Le statut de la micro-entreprise : c’est le statut le plus simple et le plus adapté à une petite activité ; de plus le taux de charges sociales pour les activités d’hébergement est favorable puisqu’il est celui de la vente de marchandises et non celui de la prestation de services (cliquez ici pour connaître les taux de cotisations sociales),
- Le statut de l’entreprise individuelle au réel : plus coûteux, il nécessite de faire appel à un expert-comptable,
- Le statut de la société : SARL, EURL, SAS ou SASU,
- A noter que le taux de TVA de 10% est applicable, sauf si l’entreprise n’y est pas soumise (micro-entreprise notamment).
La commercialisation des chambres d’hôtes.
Une chose à savoir si vous souhaitez créer des chambres d’hôtes : 90% des réservations passent par internet. Cela implique de mettre en place une stratégie web efficace, basé sur des photos et des textes de qualité, ainsi que des témoignages clients favorables.
Les canaux de commercialisation suivants sont les plus utilisés :
- site internet en propre, si possible bien référencé,
- présence sur les réseaux sociaux, notamment Facebook,
- présence dans les guides touristiques et les publications des offices du tourisme,
- annonces sur le Bon Coin ou autres sites d’annonces (Vivastreet…),
- inscription sur des sites de réservation, au premier rang desquels Airbnb et Booking,
- partenariats avec les comités d’entreprise,
- activation du bouche-à-oreilles (voisinage, famille…).
Bien sûr, la multiplication des canaux de commercialisation aura une influence sur le taux de remplissage.
Ouvrir des chambres d’hôtes : la rentabilité et le modèle économique.
Il est rare de pouvoir vivre de son activité de chambre d’hôtes à temps plein, sauf si les tarifs pratiqués, le nombre de chambres exploitées et les taux de remplissage sont élevés.
Les principales charges récurrentes sont :
- les frais de nettoyage et l’entretien des bâtiments,
- la taxe de séjour (variable d’une commune à l’autre : au forfait ou à la nuitée),
- la cotisation foncière des entreprises CFE (variable d’une commune à l’autre),
- les abonnements aux labels du type Gîte de France et aux offices du tourisme (non obligatoire) ; les tarifs sont variables,
- les commissions versées aux intermédiaires et centrales de réservation (entre 8 et 15% du prix de la nuit),
- la SACEM si l’hébergement est équipé de télé ou radio (y compris radio-réveil) ; compter un forfait de 200 € par an pour un petit établissement,
- la redevance télévisuelle si l’hébergement est équipé d’un poste de télé (même si la redevance est déjà payée par le propriétaire pour son usage personnel),
- les charges sociales (variables en fonction du statut juridique choisi),
- l’assurance responsabilité civile professionnelle,
- l’eau, l’électricité.
Mises bout à bout, les charges sont donc assez nombreuses. Pour arriver à une rentabilité confortable, il peut être intéressant de :
- multiplier les services annexes (location de vélo, table d’hôtes, etc),
- monter en gamme pour pratiquer des prix plus élevés,
- soigner ses hôtes pour obtenir des témoignages et des notes favorables, afin d’obtenir plus de réservations sur Booking par exemple (principal site de réservation en chambre d’hôte),
- renforcer la communication pour améliorer le remplissage (communiqués de presse, présence dans les magazines…).
On estime qu’il faut en moyenne 30 jours de remplissage par mois pour rémunérer un gérant à temps plein : cela signifie un remplissage de 100% avec une seule chambre (quasi impossible), ou un remplissage de 50% avec deux chambres, ou encore un remplissage de 33% avec 3 chambres.
A noter que l’activité est souvent faible la première année d’exploitation, du fait du manque de notoriété : les témoignages clients sont encore rares, et le référencement perfectible.
Les subventions.
Il n’existe quasiment plus de subventions de l’Etat ni des collectivités locales pour encourager la création de chambre d’hôtes. Les seules aides mobilisables sont les aides liées à la rénovation énergétique.
Où créer une chambre d’hôtes ? Un exemple.
Le mieux est de créer une chambre d’hôtes dans une ville dont le potentiel touristique croît rapidement. C’est le cas par exemple de Villefranche-de-Rouergue, petite ville de l’Ouest Aveyron dont le centre-ville est dévitalisé mais en pleine transformation.
En réalité, cette bastide royale (XIIIème siècle) recèle un potentiel touristique immense, qui plus est sur le chemin du Saint-Jacques de Compostelle. Son jeune maire, élu en 2020, a lancé un ambitieux programme de rénovation du bâti, de valorisation du patrimoine et d’animation touristique en lien avec la rivière et les villages alentours, parmi les plus beaux de France (Najac, Belcastel…). La ville connaît un phénomène de gentrification : la population populaire du centre-ville fait place, petit à petit, à une couche sociale plus aisée ou originaire de pays anglo-saxons.
Autre avantage : le prix de l’immobilier. Certains hôtels particuliers de Villefranche-de-Rouergue, somptueux, se négocient à moins de 150000 €. D’ici 15 ans, on estime que leur prix pourrait tripler.
Ouvrir un gîte touristique ou un gîte rural ; louer un meublé.
Quel est la différence entre une chambre d’hôtes, un gîte touristique et un gîte rural ? Vaut-il mieux exploiter une chambre d’hôtes ou un gîte ? Pour avoir les réponses à ces questions, voir notre article dédié aux gîtes et meublés de tourisme.
Voir aussi notre article : Un exemple de questionnaire d’étude de marché pour des chambres d’hôtes