Reprendre une entreprise : bien se préparer psychologiquement
Comment bien vivre la reprise d’une entreprise ? Quelles difficultés peut-on rencontrer quand on rachète une entreprise ? Quels sont les conseils pour bien vivre la reprise d’une entreprise et quelles sont les spécificités de « l’entrepreneur-repreneur » ?
Reprendre une entreprise ou en créer une ex-nihilo sont deux manières bien différentes d’entreprendre. La reprise d’entreprise présente des défis propres et vous devez donc avoir conscience de ces spécificités si vous envisagez de vous engager dans ce type d’aventure.
Cet article a pour objectif de faire le point sur les difficultés propres à la reprise d’entreprise et de vous donner des conseils pour vivre au mieux cette expérience d’entrepreneur.
La signature de l’acte d’achat : un sentiment d’achèvement.
Le parcours du repreneur jusqu’à la signature finale d’achat est exigeant et représente un vrai défi en soi : recherches de « bonnes affaires », analyses, projections, désillusions, négociations, etc.
Une fois achevé, le repreneur se sent soulagé, apaisé et ressent légitimement un sentiment d’achèvement. Cependant, bien qu’il faille se réjouir et apprécier les moments positifs, il est important de ne pas « s’endormir » sur ce sentiment agréable car le plus dur reste encore à faire… Le repreneur doit prendre conscience que la signature lui donne certes le titre de dirigeant… mais il faut ensuite qu’il en incarne le rôle, qu’il se l’approprie et surtout le légitime vis-à-vis des autres.
Fin de la « lune de miel » : le choc de la réalité.
Les premiers mois suivant une reprise constitue une sorte de « lune de miel », durant laquelle le repreneur bénéficie bien souvent de l’appui de l’ancien dirigeant pour une transition en douceur. Une fois cette période de grâce finie, le repreneur se met à entrevoir différemment sa nouvelle vie : il se confronte au métier d’entrepreneur, rencontre l’incertitude, comprend toute l’ampleur de la différence entre manager et diriger, et se voit forcé de faire le deuil des avantages du salariat et de la sécurité qui va avec.
Ces difficultés sont d’autant plus difficiles à gérer si elles n’ont pas été identifiées au départ. Non préparé, il arrive alors que le repreneur ressente un sentiment de désenchantement.
Dirigeant, certes… mais pas tout-puissant !
Une fois entré en fonction, le repreneur doit veiller à ne pas se laisser aller à une l’euphorie, naturellement provoquée par l’acquisition de sa nouvelle entreprise et le statut de patron qui va avec. Il risquerait alors de tomber dans un travers classique : prendre des décisions hâtives dans le but d‘imprimer sa patte à tout prix.
Il faut au contraire garder la tête froide et essayer en toute humilité de faire ses preuves auprès des partenaires, des fournisseurs et des salariés pour que la reprise soit un succès.
« L’enfer, c’est les autres »… la difficulté de se faire accepter !
Les repreneurs ont souvent la sensation les premiers temps de n’être qu’une « pièce rapportée » vis-à-vis des partenaires, des salariés, voire parfois des clients. La reprise a pu faire émerger chez ces derniers des peurs légitimes (perte de contrats, d’emplois, de qualité…), et le repreneur incarne à lui seul tous ces sentiments négatifs. Il lui revient de les apaiser, notamment en étant humble, en sachant se placer quand il le faut dans le rôle de l’apprenant, et en n’appliquant pas systématiquement ses propres méthodes.
L’idée est de se montrer à l’écoute des personnes qui ont fait l’entreprise, pour s’imposer petit à petit et en douceur. Reprendre une entreprise nécessite de se faire suffisamment confiance pour ne pas privilégier le statut quo à tout prix (le but est plutôt de commencer à faire évoluer doucement l’entreprise), sans faire preuve d’excès de confiance.
Enfin, comme tout entrepreneur, n’oubliez surtout pas de vous ménager ! S’il s’agit d’une première reprise, vous êtes en train d’apprendre un nouveau métier, laissez-vous le droit à l’erreur, et entourez-vous d’autres dirigeants pour éviter le sentiment de solitude souvent lié à la fonction.
La rédactrice de cet article est Anne-Flore Adam, Docteur en entrepreneuriat, Formatrice et conseillère pour les entrepreneurs.
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